Fatiguée. Fatiguée de cette ville où tout est calculé, millimétré. Les arbres, ici, sont espacés de trois mètres vingt-cinq, et sont là parce que quelqu’un l’a décidé.
Une claque dans le gueule pour la Marèv’. Cette idée m’obsède. Tout a été prévu, calculé. Chaque chose à un sens. Les passants savent toujours où ils vont. On dirait qu’il n’y a pas de hasard, ni d’imprévu.
Bien sur, on peut toujours se rouler dans l’herbe, à condition d’accepter d’être quatre au m². Une herbe qui est là parce qu’on l’a décidé.
Tout ça n’est pas de la vraie nature. Les arbres sont vrais, les feuilles aussi, et cette foutue herbe également. Mais l’ensemble est faux. L’assemblage est lésé. Cette assemblage « à la française ». Mais pourquoi s’en vante-t-on ? On a réussi à dénaturer la nature. C’est quand même fort. On la monte, la démonte, l’agence où l’on veut.
P’tain mais vous arrivez à vivre ici vous ? Sans montagne, sans air et sans imprévu ?
« Je voudrais être un arbre, et plonger mes racines au cœur de cette terre que j’aime tellement, et que ce putain d’homme chaque jour assassine. Je voudrais le silence, enfin, et puis le vent. » Renaud