No man’s land – 15h23 – lundi 27 decembre 2010

Troisième heure de bus, après 15h de train, 3h d’avion et 3h de TGV en France.
Je réalise l’absurdité et le surréalisme du truc. A 14h, alors qu’on monte vers le Nord à bord d’un bus conduit par un papy killer, il fait déjà nuit. La nuit polaire doit être un mythe. Là, c’est de la nuit. Point. Aucune visibilité, la nuit noire quoi. 14h …
Une pensée tourne et retourne dans mon esprit : « quelle idée de conne j’ai encore eu ».

*Flashback / Juillet 2010 – repas de famille*

« Mon père – Un jour faudra que j’aille au nord du cercle polaire.
Marèv’ – Bah on a cas tous y aller. Chiche ! »

Retour au bus – 15h30

On fonce à 90 km/h sur une route qui serait impraticable en France. Il est 15h30 et on ne distingue pas la cime des arbres. En fait, on ne distingue rien du tout. J’aime à penser que je trouverais le paysage magnifique si je pouvais le voir. C’est surréaliste !
15h33 – Mon cerveau n’a pas l’habitude qu’il fasse nuit à cette heure là. Il me dit d’aller me coucher. Je lutte. Je lutte en écoutant du SkaP pour me tenir eveillée mais aussi pour ne pas penser aux -20° qu’il fait dehors.
« Toujours plus au Nord Cap’taine » ! Nom de Dieu ! Il doit bien arriver un moment où le Nord devient un endroit et non plus une orientation, non ? Rassurez-moi.

Vandrarhem Kiruna – 21h

Bon ok, ça a son charme. Il fait froid mais pas trop, enfin pas trop quand on a quatre couches de vêtements spéciaux. Enfin assez froid pour que je puisse perdre mes doigts même ave une couche de gants en 10 minutes dehors pour cause de photos. D’où la phrase qui me paraitrait absurde si je ne l’avais pas vécu : « Je sens mon sang ». Sensation très étrange quand je le sang revient au bout des doigts complètements bleus.

Abisko – 22h01 – Mercredi 29 decembre 2010

Hier longue journée. Skidoo de 10h à 18h, donc avec la nuit noire. Température exterieure comprise entre -25° et -33°. C’est là qu’on se rend compte ce qu’est le froid. Bien sur les arbres sont gelés, les lacs aussi, la neige est présente depuis des mois sans jamais fondre, et il y a même un hotel de glace près de Kiruna. Bien sur les moteurs des skidoo gèlent, les visières de casques se couvrent de givre, les doigts gêlent et le nez aussi. On fabrique du givre sur les cagoules qui sont sensées nous proteger du froid. Et quand on tombe en panne de skidoo en plein milieu de nulle part, dans la nuit noire, avec -30°, on n’en mène pas large. Ah oui, et l’appareil photo gèle à cette température là, c’est évident. Donc les souvenirs de l’aurore boréale qui retombe en drapés sur le lac gêlé de Kiruna resteront intimement ancrés en moi. Indescriptible.

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A completer